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jeudi 20 août 2009

Sri Lanka

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« Nous les enfants Tamouls : nous ne vous demandons pas de la nourriture ; bien que nous ayons faim. Nous ne vous demandons pas des vêtements ; bien que nous ayons froid. Nous ne vous demandons pas un toit ; bien que nous dormions dans la jungle. Nous ne vous demandons pas des jouets ; bien que nous soyons encore des enfants. […] Mais nous vous demandons seulement de nous sauver la vie. »


Ces quelques phrases émouvantes avaient été lues par une enfant tamoule, au cours d’une manifestation de soutien aux victimes tamoules de la guerre civile, à Paris, en février 2009, alors que l’armée sri-lankaise se livrait à d’intenses combats contre les derniers bastions de résistance des LTTE, les Tigres de libération de l'Eelam tamoul, au Nord Ets du Sri Lanka.

Où en est-on depuis ? La communauté internationale ne semble pas s’alarmer grandement de la situation régnant sur « l’île bienheureuse », présentant pourtant tous les symptômes d’un crime contre l’humanité, d’un génocide qui ne voudrait pas dire son nom.

Officiellement, les combats ont cessé le 19 mai dernier suite à la mort de Velupillai Prabhakaran, dirigeant historique du LTTE à la réputation plus que sulfureuse, tué par l'armée gouvernementale. A cette date, 265 000 personnes déplacées étaient enregistrées dans des camps, selon le HCR (Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés).

Une longue et violente guerre civile


La guerre civile du Sri Lanka a opposé, officiellement de 1983 à 2009, le gouvernement du Sri Lanka, dominé par la majorité cinghalaise bouddhiste et les Tigres de libération de l'Eelam Tamoul, organisation séparatiste luttant pour la création du Tamil Eelam, un État indépendant dans l'Est et le Nord du pays, majoritairement peuplé de Tamouls de religion hindoue(18% de la population).

Cette guerre civile, qui allait devenir une des plus longues et des plus sanglantes du monde contemporain, débuta le 24 juillet 1983, lorsque des pogroms furent perpétrés par la majorité cinghalaise à l’encontre de la minorité tamoule, suite à la mort de 13 soldats sri-lankais, tombés dans une embuscade des LTTE. La tragédie entra dans l’Histoire sous le nom de « Black July », avec le massacre de plus d’un millier de Tamouls, dont nombre de femmes et d’enfants.

Ces évènements allaient profondément marquer la communauté tamoule de l’île et c’est à cette époque que nombre de Tamouls commencèrent à émigrer à l’étranger, en Australie, aux Etats-Unis et en Europe. Quelques 80 000 réfugiés tamouls originaires du Sri Lanka vivent aujourd’hui en France. Et c’est à partir de 1983 que désormais tous les coups allaient être permis entre le gouvernement sri-lankais et les Tigres, les civils se retrouvant bien souvent pris en otage entre les deux. C’est néanmoins entre janvier dernier et aujourd’hui qu’ils ont payé le plus lourd tribut, en majeure partie à cause du pouvoir sri-lankais dirigé par Mahinda Rajapakse (président depuis novembre 2005).


Les responsabilités du LTTE

Certes les agissements des Tigres tamouls ces dernières décennies n’ont pas facilité la tâche pour rendre sympathique la cause tamoule auprès des opinions publiques internationales : nombre d’attentats-suicide et de bombes à retardement dus aux LTTE ont explosé de multiples fois ces deux dernières décennies dans les villes sri-lankaise, tuant des centaines de civils dans des bâtiments gouvernementaux ou des transports publics. En janvier 1996 par exemple, les Tigres tamouls commettent leur plus sanglante attaque-suicide dans la Banque centrale de Colombo, tuant 90 personnes et en blessant 1 400. En janvier 98, c’est le Sri Dalada Maligawa à Kandy, l'un des temples bouddhiste les plus sacrés au monde, qui est endommagé par un camion piégé.

En réponse à ces attentats, les différents gouvernements sri-lankais vont déclarer les LTTE hors-la-loi et inciter d'autres gouvernements étrangers à en faire de même. L'Inde le fait en 1992, suite à l’assassinat de son Premier ministre Rajiv Gandhi (fils d’Indira Gandhi et donc petit fils de Nehru, le père avec le mahatma Gandhi de l’Inde indépendante) par une Tamoule, probablement combattante des LTTE, lors d'un attentat-suicide dans un meeting électoral. Tandis que jusqu’alors l’Inde, qui possède une importante population tamoule, en particulier dans l’Etat du Tamil Nadu au Sud du pays, était plutôt favorable aux indépendantistes, elle change son fusil d’épaule suite à cet attentat. Désormais résolument hostile aux LTTE, l’Inde continuera toutefois à prendre position pour les droits des Tamouls.

Continuant leurs exactions, les LTTE essaient de tuer la présidente sri-lankaise Chandrika Kumaratunga en décembre 1999, celle-ci perdant un œil dans l'explosion. En juillet 2001, les Tigres commettent une attaque-suicide contre l'aéroport international Bandaranaike, détruisant huit avions des forces aériennes sri-lankaises et quatre avions de la Sri Lankan Airlines, portant ainsi un coup sévère à l'industrie touristique. Les États-Unis finissent par lister les LTTE comme organisation terroriste en 1997, avant le Royaume Uni en 2000. Aujourd’hui 31 pays dont les Etats membres de l’Union européenne classifient les Tigres de l’Eelam tamoul en tant qu’organisation terroriste.


La coupable indifférence occidentale

Les Occidentaux n’ont tout d’abord pas beaucoup porté d’attention à cette région du monde, depuis l’indépendance de l’île en 1948. Néanmoins les Etats-Unis dans les années 80, sous l’administration de Ronald Reagan, s’intéressent de près au port de Trincomalee, situé au Nord Est de l’île, donc en plein territoire tamoul, dans l’optique d’y installer une base navale américaine (c’est un site géostratégique important pour la maîtrise des mers d’Asie du Sud est). L’Inde, y voyant un empiètement certain de sa souveraineté, réussit à faire capoter le projet en signant l’Accord d’entente indo-sri-lankaise en 1987[1].

C’est ensuite sous administration Bush, après les attentats du 11 septembre, que Washington s’intéressera de nouveau à l’île, à son port de Trincomalee et à son aéroport de Palaly, seuls endroits intéressants pour l’armée américaine dans la région. Il s’agit donc pour l’équipe Bush de régler la question tamoule rapidement. Or, au lieu de jouer un rôle de facilitateur dans la résolution du conflit, les faucons de la Maison Blanche, comme à l’accoutumé, traduit le conflit en une lutte des démocraties contre le terrorisme. En renonçant à la promotion du respect des droits de l’homme pour en appeler à la nécessaire lutte contre les « terroristes », les Etats-Unis offrent alors un blanc seing et un argumentaire clef en main au pouvoir à Colombo pour se débarrasser enfin des séparatistes tamouls, ce quel qu’en soit le prix.

Les Etats européens ne portent eux guère d’intérêt pour le conflit au Sri Lanka à l’exception des pays nordiques, et en particulier de la Norvège, qui offre ses bons offices en 2000 jusqu’à l’obtention inespérée d’un cessez-le-feu en décembre 2001. Celui-ci sera de courte durée puisque les LTTE décident de se retirer du processus en avril 2003. Puis le conflit reste de basse intensité jusqu’à l’arrivée au pouvoir fin 2005 de Mahinda Rajapaksee.

Celui-ci opte alors pour le « tout militaire » afin d’écraser la rébellion tamoule et sape en même temps par presse interposée l’action des pays nordiques œuvrant pour la paix au sein de la SLMM[2]. Accusés de soutenir la guérilla tamoule par le Gouvernement, affaiblie par les Tigres qui décident de la reprise des combats en 2006, la SLMM, réduite à sa plus simple expression, est priée par Colombo de rapatrier ses derniers émissaires début 2008.


L’escalade de la violence

Le gouvernement sri-lankais, de plus en plus intransigeant, décide alors de porter le coup de grâce : le 25 janvier 2009, 50 000 militaires de l'armée Sri Lankaise prennent le contrôle de Mullaitivu après des combats contre 2 000 tigres tamouls. Dernière ville encore aux mains des indépendantistes, ceux-ci se retrouvent alors confinés dans la jungle sur un territoire de 20 km de long sur 15 km de large.

Les organisations humanitaires internationales tentent alors d’alarmer l’opinion sur le sort de 150 000 à 300 000 civils coincés dans la région de Mullaittivu et que les Tigres utiliseraient d’après le gouvernement comme boucliers humains.

Le 23 février 2009, le LTTE demande un cessez-le-feu qui est rejeté d’emblée par le gouvernement de Rajapaksee. ]Le 25 avril 2009, le LTTE est retranché dans une zone de 13 km² à Puttumatalan, étroite bande côtière du district de Mullaithivu encerclé par l' arméée sri-lankaise. La présence de dizaines de milliers de civils rend la situation humanitaire effroyable.

Le 16 mai 2009, le LTTE perd son accès à la mer, vital pour son approvisionnement, et dépose les armes tandis que le 18 mai, Velupillai Prabhakaran, dirigeant historique du LTTE, est tué par l'armée gouvernementale.

Au 19 mai 2009, 265 000 personnes déplacées sont enregistrées dans des camps selon le HCR.

Fin mai, John Holmes, secrétaire général adjoint des Nations unies chargé des affaires humanitaires, déclare que les chiffres des pertes civiles dans la dernière bataille ont été sous-estimés par l'ONU, le chiffre de 20 000 morts étant avancé dans la presse, et que l'on ne saura sans doute jamais combien de civils ont péri dans les derniers affrontements.

Le Sri-Lanka, plus grand camp de réfugiés du monde ?

Depuis des mois, le gouvernement sri-lankais maintient une chape de plomb sur la réalité de la situation pour les civils tamouls dans l’île, entravant l’accès aux médias étrangers et aux organisations humanitaires. Tant et si ben que l'association Human Rights Watch (HRW) demande officiellement en juillet la libération de plus de 280.000 civils tamouls déplacés, qui s'entassent dans des camps de détention au nord du Sri Lanka.

D’après la célèbre ONG, le gouvernement de Colombo maintient en détention depuis mars 2009, en violation complète du droit international, presque tous les civils ayant fui les combats entre l'armée et les Tigres de libération de l'Eelam tamoul.

Les Nations unies ont estimé précisément qu'à la date du 17 juillet 2009, le gouvernement sri-lankais retenait 281.621 personnes dans 30 camps militaires gardés par l'armée dans quatre districts du nord, à Vavuniya, Jaffna, Mannar et Trincomalee. Les réfugiés peuvent seulement en sortir pour recevoir des soins médicaux d'urgence, en général accompagnés d'une escorte militaire, et les ONG n'ont pas accès à ces camps.

Le quotidien britannique The Times annonce fin juillet que 1400 personnes meurent par semaine à Manik Farm (photo), camp de réfugiés dans le nord de l’île, principalement de maladies telle que la diarrhée. Manque d'hygiène, d'infrastructures, développement de maladies, etc., les conditions de vie y sont effroyables, à tel point que le Times va jusqu'à utiliser le terme de « camp de concentration ». L’information n’a pourtant pas fait la une des journaux en France. Rares sont les journalistes présents sur place, et les ONG elles-mêmes ont un accès très limité à ce camp.


Alors que faire ?

Va-t-on laisser longtemps un gouvernement se livrer à de tels crimes de guerre sans réagir ? Au prétexte que les Tigres tamouls ont employé des méthodes déplorables par le passé pour faire entendre leurs revendications, peut-on justifier l’injustifiable ? Et des êtres humains poussés en désespoir de cause à se livrer à des attentats suicides face à un Etat impitoyable, ça ne vous rappelle rien ? Pourquoi ce qui nous soulève le cœur et nous révolte au Darfour, à Gaza, en Tchétchénie, au Tibet et ailleurs nous laisse t’il indifférent sur cette lointaine île au Sud du Sous Continent indien ? Il semble que le long travail idéologique perpétré depuis des années par le gouvernement de Colombo de considération du mouvement tamoul par le seul prisme de la lutte contre le terrorisme ait porté ses fruits. Si Bush n’est plus, sa vision manichéenne des relations internationales semblent avoir de beaux jours devant elle.

Et en attendant que la France se réveille et que l’inénarrable Bernard Kouchner nous parle peut-être des « moules » sri-lankaises après ses « yogourts » en Chine[3], nous écologistes ne pouvons plus rester inactifs. Une délégation de nos nouveaux eurodéputés doit pouvoir se mettre en place rapidement pour se rendre au Nord de l’île et afin de pouvoir constaté la réalité des faits effroyables annoncés. A l’instar de l’ex-Yougoslavie et du Rwanda, vus les faits énoncés, il y a suffisamment matière à invoquer la nécessité d’un tribunal pénal international pour le Sri Lanka chargé d’enquêter en toute objectivité, sans être entravé de nulle manière que ce soit par Colombo, sur la réalité des faits énoncés, en particulier des bombardements aveugles de l’armée, des pillages et des milliers de viols dénoncés par des femmes tamoules sur le terrain.

Mais commençons tout d’abord par ouvrir les yeux sur cette région du monde, pour cesser l’indignation à géométrie variable, insupportable aux yeux des principaux intéressés, notamment notre très importante diaspora tamoule implantée en France.

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